La RSE : un enjeu ancien qui se conjugue au présent pour en tirer le plein potentiel | Eleven

La RSE : un enjeu ancien qui se conjugue au présent pour en tirer le plein potentiel12 juillet 2021

RSE

En 2020, Eurazeo lançait O+, sa nouvelle stratégie de développement durable visant à atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2040, à promouvoir une économie plus inclusive, et à favoriser notamment des investissements décarbonés. Cette dynamique d’engagement en RSE – Responsabilité Sociétale des Entreprises – ne concerne pas seulement les fonds d’investissement mais également l’ensemble du spectre économique, à l’image de groupes comme Veolia ou Engie qui ont placé la transformation écologique au cœur de leur stratégie. A l’origine de cette tendance, une pression sociale toujours plus forte, en particulier de la part des jeunes générations, et une législation de plus en plus exigeante pour les entreprises.

Une pression sociale croissante qui force les acteurs à se positionner, voire à se différencier grâce à une meilleure prise en compte des enjeux RSE

La pression sociale semble être la principale motivation incitant les entreprises à passer à l’action en matière d’initiatives RSE. Les consommateurs réclament plus que jamais de la transparence sur l’origine et la qualité des produits, ce qui entraine la multiplication des labels, comme Origine France Garantie, et le succès de start-ups comme Yuka ou C’est qui le patron ? Cette tendance n’est pas l’apanage des marchés B2C, les acteurs B2B étant également pleinement concernés. Quant aux employés, ils exigent de plus en plus de leur entreprise qu’elle fasse preuve d’exemplarité écologique et sociale. A ce jeu, certaines plateformes se démarquent, comme Shift Your Job, qui propose de recenser les organisations qui contribuent, d’une manière ou d’une autre, à la décarbonisation de l’économie. Une logique similaire est proposée par le Collectif pour un réveil écologique, qui cherche à aider les jeunes diplômés à « choisir un employeur suffisamment engagé dans la transition ».

Un cadre juridique qui joue le rôle d’accélérateur de la transformation RSE

Le cadre législatif pose également les bases d’un changement de dimension dans l’intérêt qu’accordent les entreprises aux enjeux RSE. En l’espace de quelques années, le dispositif légal mis en place pour inciter les entreprises à adopter des principes durables s’est fortement renforcé. En 2015, la Loi sur la Transition Energétique pour la Croissance Verte prônait une croissance économique durable et la création d’emplois pérennes. Quatre ans plus tard, la Loi Pacte incitait les entreprises à mieux prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux dans l’exercice de leurs activités, et introduisait le principe d’Entreprise à mission, donnant ainsi l’occasion aux entreprises de « déclarer leur raison d’être à travers des objectifs sociaux et environnementaux ». A l’échelle de l’Union européenne, deux textes de loi sont récemment entrés en application. Depuis 2019, le Règlement Disclosure (ou Sustainable Finance Disclosure Regulation) impose aux acteurs financiers de nouvelles obligations d’intégration de critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans leur reporting, imposant aux gestionnaires de fonds d’évaluer la durabilité de leur portefeuille, et aux investisseurs finaux de définir des objectifs en matière de développement durable. La comparabilité des produits financiers vis-à-vis des risques ESG, et donc l’incitation pour les fonds de prendre en comptes ces critères dans leurs politiques d’investissement, en sortait particulièrement renforcée. Enfin, la Directive CSRD proposée en 2021 par la Commission européenne vise à améliorer et harmoniser la publication d’informations sur la durabilité des entreprises.

Le début d’une nouvelle ère pour le pilotage de la RSE des entreprises, rendue durable et rentable grâce au digital et la data science

Pour ne pas se détourner d’une partie croissante des consommateurs, pour demeurer attractif sur le marché du travail dans un souci de marque employeur, et pour satisfaire une législation de plus en plus pressante, les entreprises se doivent donc d’intégrer les aspects RSE dans leur stratégie. Les grands groupes prennent de plus en plus sérieusement ce besoin en compte, qu’ils considèrent souvent comme une contrainte, et parfois comme une opportunité. Total est récemment devenu TotalEnergies, un changement de nom qui ne se veut pas seulement symbolique, mais représentatif de la volonté du groupe d’être perçu comme un acteur de la transition, en fournissant des énergies comme l’éolien, la biomasse, le solaire, l’électricité et l’hydrogène. Cette tendance est également incarnée par des entreprises qui font de la RSE leur modèle économique. Le français BackMarket, fondé en 2014, est déjà un acteur majeur de l’économie circulaire et depuis mai 2021 l’une des licornes françaises, après une levée de fonds de 276 millions. D’autres, issues de la tendance de l’entreprenariat social – qui allie dimension sociale et environnementale autour d’un projet viable – rencontrent un franc succès : La Ruche qui dit oui, qui propose d’acheter en direct auprès de producteurs locaux, ou Phénix, le concurrent français de Too Good to Go, qui donne une seconde vie aux invendus alimentaires, sont des exemples de réussite de jeunes entreprises dont le modèle répond structurellement aux enjeux de développement durable de notre époque.

Devant cette demande de plus en plus pressante pour des modèles opérationnels vertueux, la démarche « tick-the-box » dans laquelle beaucoup d’entreprises s’étaient investies ces dernières années semble dépassée. En effet, le suivi d’indicateurs « standards », tels que la parité, le taux de turnover ou encore la consommation énergétique ne permet pas de refléter avec précision les efforts entrepris pour rendre les activités économiques plus soutenables. Dans ce contexte, le déploiement de solutions digitales, combinée avec une approche analytique poussée permise par une maitrise des techniques les plus avancées de data science, sont clés pour développer une démarche RSE au plus près des opérations de l’entreprise, avec un impact directement mesurable. Par exemple, des projets de maintenance prédictive permettent de mieux comprendre la vitesse de dégradation d’un actif, et ainsi d’allonger sa durée de vie tout en optimisant son plan de maintenance. La RSE « nouvelle génération » est donc rentable et durable, et peut contribuer positivement à la performance financière des entreprises.

Ainsi, pour bon nombre d’entreprises, la RSE n’est plus tant une contrainte administrative de conformité aux nombreuses règles en vigueur qu’un enjeu à adresser en l’intégrant pleinement dans leur modèle économique. Certes, les rapports extra-financiers revêtent encore, parfois, une dimension scolaire et peu opérationnelle, mais les entreprises prennent progressivement conscience qu’elles ne peuvent plus s’en contenter. Le reporting social et environnemental ne peut plus seulement servir à rassurer les potentiels investisseurs ou les autorités de contrôle, mais doit maintenant refléter la stratégie globale de l’entreprise. Pour cela, adapter son modèle économique apparait désormais comme une nécessité. Plus encore, les acteurs économiques arrivent aujourd’hui à un moment charnière où la pression légale et sociale, et sa possible amplification dans le futur, nous laisse à penser que la logique d’adaptation et d’optimisation qui a prévalu jusqu’ici doit maintenant laisser place à une logique d’innovation et de construction de nouveaux business models à la hauteur des enjeux de la transition écologique.

 

Maxime Caro, Léo Poitou, Alexis Maupoint

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