L’IA sonne-t-elle le glas de la RPA ?
28 novembre 2024
Le Robotic Process Automation (RPA) évolue face à l’essor de l’IA générative, offrant des solutions hybrides plus flexibles, robustes et adaptées aux nouveaux défis technologiques.
Innovation
Le célèbre projet Neuralink d’Elon Musk, qui travaille à connecter le cerveau humain aux machines, a levé 205 millions de dollars en série C pour accélérer le lancement de son premier produit à base de puce cérébrale, le N1 Link. Cet implant, équipé de multiples capteurs, permettra aux personnes paralysées ou souffrant de problèmes de santé de se connecter à des machines. Son ambition à long terme est d’offrir à chacun la liberté digitale grâce à une télécommande actionnée par le cerveau. Malgré l’absence de produit sur le marché et d’essais sur l’homme à ce jour, l’entreprise a réussi à obtenir 205 millions de dollars, symbole d’un marché NeuroTech prometteur et en pleine expansion, mais qui n’a pas encore complètement décollé.
Selon la définition de l’OCDE, la NeuroTech englobe « les dispositifs et les procédures utilisés pour accéder à la structure et à la fonction des systèmes neuronaux des personnes physiques, les contrôler, les étudier, les évaluer, les manipuler et/ou les émuler ». Concrètement, la NeuroTech permet de regarder à l’intérieur du cerveau des personnes pour comprendre ce qu’elles aiment, ce qu’elles ressentent, comment elles réagissent à certaines choses ou à certains produits et pour améliorer potentiellement leur état ou leur santé (troubles du sommeil, handicap…). La NeuroTech ne se limite pas aux appareils, mais comprend également des méthodes, des procédures, des services et même des modèles d’entreprise.
Historiquement, les gens surveillaient le cerveau par le biais de questionnaires ou de portraits d’humeur en regardant les réponses des gens et/ou ce qu’ils déclaraient ressentir au même moment. Aujourd’hui, de multiples capteurs permettent d’aller plus loin en observant l’intérieur du cerveau ou du corps des personnes pendant qu’elles répondent à des questions ou testent un produit. Parmi les technologies de balayage du cerveau, qui font l’objet du présent article, il en existe deux types : les technologies historiques dotées d’un matériel important, telles que l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) ou la spectroscopie fonctionnelle dans le proche infrarouge (fNIRS), et les technologies plus récentes et plus petites, telles que l’électroencéphalographie (EEG) ou les implants, comme la puce cérébrale de Neuralink.
En raison de contraintes d’utilisation moindres, l’EEG non invasif apparaît comme la technologie la plus pratique et la plus utilisée parmi les acteurs de la NeuroTech. Cette technologie est souvent combinée à d’autres capteurs biométriques (oculométrie, électrocardiogramme…) pour obtenir un résultat plus précis. Par exemple, les capteurs d’oculométrie peuvent mettre en évidence ce qui a provoqué un pic de stress mesuré par un EEG lors du visionnage d’une vidéo. L’EEG et d’autres capteurs se sont récemment améliorés grâce à une miniaturisation accrue, à une meilleure connectivité sans fil et à une puissance de calcul plus accessible, entre autres tendances technologiques.
Les levées de fonds dans le secteur NeuroTech ont augmenté d’environ 40 % par an depuis 2013 et d’environ 60 % depuis 2019. Les investissements récents dans les NeuroTech comprennent notamment MindMaze (125 millions de dollars en série B, 2021), Synchron (75 millions de dollars en série C, 2022), Kernel (53 millions de dollars en série C, 2020), Precision Neuroscience (41 millions de dollars en série B, 2023) et BrainQ (40 millions de dollars en série B, 2021). Parallèlement, la part des cycles de financement avancés (série B ou plus) a atteint environ 50 % du montant total du financement, ce qui laisse présager une augmentation de la maturité des neurotechnologies.
Les États-Unis sont en tête du peloton avec des cycles de financement plus fréquents et plus importants (58 millions de dollars en moyenne). Neuralink, Kernel et Nova Signals, mentionnées plus haut, opèrent toutes aux États-Unis. L’Europe, en revanche, suit de près en termes d’investissements (41 millions de dollars en moyenne) et de nombre d’entreprises. MindMaze et Dreem, bien connues, sont des exemples d’entreprises européennes de NeuroTech. L’Asie semble, à ce jour, légèrement en retrait avec des investissements moins importants (8 millions de dollars en moyenne), ce qui pourrait être lié à l’âge plus jeune des entreprises asiatiques de NeuroTech (3 ans de moins en moyenne que leurs homologues occidentales).
Parallèlement, les applications NeuroTech se multiplient dans trois principaux segments de marché :
1. Surveillance / Connaissance : examiner le cerveau des gens pour comprendre ce qu’ils aiment, ce qu’ils ressentent, comment ils réagissent à certains produits ou à certaines publicités.
2. Traitement : améliorer la santé des personnes (par exemple, les troubles du sommeil…)
3. Interaction / contrôle : améliorer le cerveau ou le corps des personnes (par exemple, la capacité à communiquer).
1. Suivi / Connaissance
L’étude du cerveau permet de comprendre son fonctionnement global et son état à tout moment. Ce segment englobe la recherche académique sur le cerveau humain (fondamentale ou appliquée) mais aussi la recherche sur la connaissance du client (également appelée neuromarketing) qui consiste à comprendre le sentiment du client pour des applications commerciales. Concrètement, la recherche sur la connaissance du client peut être appliquée en amont du développement d’un produit. Par exemple, Faurecia, un fabricant d’habitacles de voitures, exploite les neurosciences avec MyBrain Tech pour mettre au point un siège de voiture qui améliore le confort des conducteurs. Les neurosciences peuvent également être appliquées en aval à des fins de marketing et de publicité. La société de recherche sur la clientèle Nielsen souligne en effet que les publicités ayant la meilleure réponse émotionnelle (mesurée par les neurosciences) ont généré une augmentation de 23 % du volume des ventes. Ce segment du marché de la surveillance semble être le plus important et le seul rentable. Il s’est historiquement développé grâce à la recherche universitaire, mais plus récemment, il a été stimulé par la recherche sur la connaissance du client. Les entreprises positionnées sur ce segment comprennent Deloitte Neuroscience Institute, Nielsen Neurofocus, Kernel, NovaSignals, Bitbrain, Emotiv, iMotions et Neurosky.
2. Traitement
Les neurosciences peuvent également être exploitées pour aller plus loin et traiter les dysfonctionnements du cerveau. Les traitements comprennent à la fois des applications de santé avec des traitements basés sur les neurosciences et validés par la recherche (principalement dans le segment B2G2C) et des traitements de bien-être et de développement humain non validés cliniquement (principalement dans le segment B2C). Ce dernier segment comprend la productivité, l’éducation et l’amélioration des performances. Par exemple, MindMaze a mis au point une plateforme de physiothérapie numérique basée sur le jeu pour aider le cerveau à se remettre d’un accident vasculaire cérébral. Malgré la forte demande du marché (de nombreux problèmes de santé pouvant être traités par les neurotechnologies, tels que les troubles du sommeil ou l’anxiété) et un grand potentiel à court/moyen terme, la taille de ce marché est encore limitée en raison des contraintes du secteur de la santé et d’un faible niveau d’adoption par les clients. Les entreprises positionnées sur ce segment de marché sont MindMaze, Dreem et BrainQ.
3. Interaction / Contrôle
Ce dernier segment, qui comprend la puce cérébrale de Neuralink, exploite les fonctions cérébrales pour contrôler des appareils numériques ou pour communiquer, principalement pour des applications B2C. Divers cas d’utilisation ont d’abord été conçus pour les personnes handicapées afin de compenser les dysfonctionnements du corps, mais ils visent à s’adresser à un public plus large. Ce marché est actuellement très restreint en raison de la technologie B2C souvent invasive utilisée et des défis scientifiques et technologiques à relever. Encore futuriste aujourd’hui, ce segment a un grand potentiel à moyen/long terme. Quelques entreprises sont positionnées sur ce segment, comme Neuralink, NextMind, Ctrl-labs, Wisear et EEG Smart.
Finalement, si la plupart des journaux ont relaté la levée de fonds de Neuralink, ce type d’application NeuroTech reste assez futuriste. Il ne faut cependant pas occulter les améliorations significatives du matériel de surveillance du corps et du cerveau pour les applications B2B et récemment B2G2C (principalement dans le domaine de la santé et du bien-être), ouvrant potentiellement la voie à la démocratisation des usages des neurosciences dans les années à venir. Et, même si le marché de la NeuroTech reste un marché relativement petit aujourd’hui, il a un grand potentiel pour augmenter considérablement dans les années à venir, en particulier lorsque la valeur des applications NeuroTech l’emporte sur toutes les contraintes du dispositif NeuroTech pour l’utilisateur final (taille, poids, aspect invasif…). Vous souhaitez exploiter la puissance de la NeuroTech dans votre secteur d’activité ? Découvrez nos offres d’idéation stratégique ou d’expertise numérique.
Sources:
https://www.crunchbase.com/
https://www.forbes.com/sites/saibala/2021/08/08/elon-musks-neuralink-just-raised-an-additional-205-million-in-funding/?sh=2ad9c7c75d43
https://www.oecd.org/officialdocuments/publicdisplaydocumentpdf/?cote=DSTI/STP/BNCT(2018)5/FINAL&docLanguage=En
https://www.capital.fr/votre-carriere/ces-start-up-ont-fait-de-nos-cerveaux-un-business-1339191
https://www.nielsen.com/wp-content/uploads/sites/3/2019/04/nielsen-featured-insights-when-emotions-give-a-lift-to-advertising.pdf
https://www.forbes.com/sites/dianatsai/2021/10/30/better-than-meta-this-good-unicorn-uses-vr-to-repair-strokes-alzheimers-and-parkinsons/?sh=19325f8d5c77
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