MCP : le protocole qui ouvre la voie à l’IA agentique en entreprise
28 juillet 2025
Le protocole MCP standardise la communication entre agents IA et systèmes, ouvrant la voie à une IA agentique scalable en entreprise.
Cybersécurité
Generative AI
L’avènement de l’intelligence artificielle générative et agentique confronte les dirigeants d’entreprise à des décisions technologiques aux implications majeures, stratégiques, économiques et juridiques. Si les promesses de productivité et d’innovation sont indéniables, les questions de souveraineté numérique émergent en force dans un contexte géopolitique tendu et face à des réglementations européennes et étrangères, y compris extraterritoriales, de plus en plus contraignantes.
Les entreprises doivent repenser leurs approches pour préserver leur autonomie décisionnelle et protéger leurs actifs critiques. La souveraineté numérique ne relève plus du simple choix technologique, elle constitue désormais un enjeu de résilience concurrentielle et de conformité réglementaire. Ceux qui négligent cette dimension s’exposent à des risques juridiques, opérationnels et stratégiques susceptibles de compromettre durablement la pérennité de leur organisation.
I. Les enjeux de souveraineté face aux géants technologiques
1- Les limites structurelles de la dépendance aux acteurs non-européens
La position dominante des géants technologiques américains et asiatiques dans le domaine de l’IA générative expose les entreprises européennes à des vulnérabilités multiples.
Cette situation s’aggrave dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de division progressive du marché technologique mondial entre grandes puissances.
Ces acteurs dominants, bien qu’offrant des solutions performantes, opèrent selon des logiques juridictionnelles et géopolitiques susceptibles d’entrer en conflit avec les intérêts européens (notamment).
La concentration du marché entre ces quelques géants crée une dépendance technologique préoccupante, plaçant les entreprises européennes dans une position de faiblesse structurelle.
Cette vulnérabilité se traduit concrètement par une capacité d’innovation et une compétitivité conditionnée par des décisions stratégiques prises en dehors du périmètre européen, soulignant l’urgence de développer des alternatives souveraines.
Des exemples récents par exemple montrent des coupures de services au détriment d’acteurs européens de la part de fournisseurs non-européens du fait de règles de sanction non européennes et s’imposant à eux.
2- Les piliers fondamentaux de la souveraineté numérique
Une stratégie de souveraineté numérique efficace repose sur quatre piliers essentiels :
Ces dimensions d’analyse ne sont pas normalisées, et le “marketing de la souveraineté” est une activité qui mobilise des efforts des parties prenantes pour éviter une parfaite lisibilité des grilles d’analyse pertinentes pour les entreprises.
II. Les dimensions à prendre en compte :
1- Le cadre réglementaire européen : contraintes et opportunités
L’environnement juridique européen, structuré autour du RGPD, de l’AI Act, du Digital Services Act et du Data Governance Act, constitue un écosystème réglementaire exigeant qui impose des obligations strictes en matière de traitement des données et d’utilisation de l’intelligence artificielle.
Ces réglementations, loin d’être de simples contraintes, constituent des avantages concurrentiels différenciants pour les entreprises qui les anticipent et les intègrent dans leur stratégie. Elles créent un environnement favorable au développement de solutions européennes.
2- Architecture technologique : vers une approche modulaire et évolutive
Les entreprises doivent développer des architectures technologiques modulaires permettant l’intégration flexible de solutions diversifiées selon leurs besoins spécifiques. Cette approche préserve l’autonomie décisionnelle et évite la dépendance à un écosystème unique.
L’émergence d’un écosystème européen mature, avec des acteurs comme Mistral AI, Aleph Alpha, ou les initiatives nationales comme Gaia-X, offre désormais des alternatives crédibles aux solutions américaines.
3- Contraintes sectorielles : une complexité croissante
Chaque secteur d’activité évolue dans un environnement réglementaire spécifique qui s’articule avec le cadre général européen. Les institutions financières intègrent les directives bancaires, les acteurs de la santé composent avec les réglementations sur les données sensibles, tandis que les opérateurs d’importance vitale répondent aux exigences renforcées de cybersécurité.
4- L’écosystème européen : une alternative crédible
L’Europe dispose aujourd’hui d’un écosystème technologique en forte croissance, capable de concurrencer les solutions américaines sur des segments spécifiques.
Ces acteurs européens présentent des avantages stratégiques :
– Proximité géographique,
– Conformité réglementaire native
– Compréhension approfondie des spécificités du marché européen.
III. L’approche eleven-strategy : comment structurer une stratégie souveraine
Méthodologie d’évaluation et de diagnostic
Notre approche commence par un diagnostic des risques stratégiques de l’entreprise. Cette analyse porte sur trois dimensions : l’exposition géopolitique, la conformité réglementaire et la résilience opérationnelle. Selon les secteurs et les activités, le panorama des risques est très divers (réglementaire, intelligence industrielle, intelligence économique, données personnelles sensibles, enjeu géopolitique, contrats à enjeu, etc…).
Choix technologiques et perspectives
Les choix technologiques notamment cloud de l’entreprise sont à analyser selon cette matrice de risques stratégiques. Les investissements dans l’IA générative et Agentic ajoutent des enjeux spécifiques, avec une nouvelle intelligence métier et de nouvelles données sensibles qui sont migrées dans des solutions technologiques.
Chez un client récent, des outils tels que la réponse à appels d’offres augmentée par l’IA Generative concernant des appels d’offres internationaux à forts enjeux, ont été identifiés comme ne pouvant être localisés sur des clouds soumis à des règlementations extraterritoriales.
Alternatives et scénarios de souveraineté
En fonction des situations, l’évaluation des alternatives disponibles permet d’identifier les solutions européennes viables et de planifier une transition progressive vers une architecture plus souveraine, en s’adaptant aux risques stratégiques réels de l’entreprise.
Plutôt qu’une rupture brutale, nous préconisons souvent des approches de migration progressive ou de cloisonnement des cas d’usage qui préserve la continuité opérationnelle tout en réduisant graduellement les dépendances critiques.
Cette stratégie s’articule autour de trois phases : la sécurisation des données critiques, la diversification des fournisseurs, et la transition vers des solutions européennes pour les applications stratégiques.
Gouvernance et pilotage
La mise en œuvre d’une stratégie de souveraineté numérique nécessite une gouvernance dédiée associant les directions métier, IT, juridique et les instances dirigeantes. Cette gouvernance assure la cohérence des décisions et l’alignement avec les objectifs stratégiques de l’entreprise.
Retours d’expérience
Nos interventions auprès de grands groupes européens confirment la faisabilité et la pertinence de ces approches. Les entreprises qui ont engagé cette démarche constatent une amélioration de leur agilité, une réduction des risques de conformité et un renforcement de leur position concurrentielle.
Par ailleurs, au-delà des enjeux stratégiques, la plupart des projets conduisent à des économies à moyen terme, notamment en termes de licences et de frais de transfert de données, compensant largement des investissements initiaux nécessaires à la transition.
Conclusion
La souveraineté numérique n’est plus une option mais une nécessité stratégique pour les entreprises européennes. Face à l’accélération de la fragmentation technologique mondiale et au durcissement du cadre réglementaire, les dirigeants doivent agir rapidement pour préserver leur autonomie décisionnelle.
L’émergence d’un écosystème technologique européen mature offre aujourd’hui des alternatives crédibles aux solutions américaines. Les entreprises qui sauront saisir cette opportunité prendront une longueur d’avance concurrentielle tout en sécurisant leur conformité réglementaire.
De plus, l’IA générative et Agentique ajoutent des enjeux et des risques stratégiques pour l’entreprise, avec de nouvelles données et une nouvelle intelligence métier transférées dans des solutions technologiques, souvent cloud.
La question n’est plus de savoir s’il faut développer une stratégie de souveraineté numérique, mais comment la structurer efficacement pour préserver les intérêts de l’entreprise dans un environnement technologique en mutation permanente.
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