Par Simon Georges-Kot, Partner – Eleven Strategy
L’IA agentique attire aujourd’hui une attention croissante.
Souvent présentée comme une nouvelle forme d’automatisation intelligente, ou comme l’évolution naturelle du RPA, elle suscite autant de curiosité que de questionnements.
Mais au-delà des expérimentations et des démonstrations techniques, les véritables enjeux se situent ailleurs : dans la capacité des entreprises à l’intégrer à leurs systèmes, à leurs processus et à leur culture. Une transformation profonde, qui touche à la fois l’architecture IT, la gouvernance et la manière même de travailler.
Urbaniser ses systèmes pour accueillir un monde d’agents
L’IA agentique n’est pas un simple chatbot plus sophistiqué : c’est un nouveau modèle d’architecture.
Là où les systèmes traditionnels reposent sur des flux linéaires et centralisés, les agents introduisent une logique distribuée, interopérable et adaptative.
Chaque agent agit comme un micro-service autonome, capable d’interagir avec d’autres, d’exécuter des tâches complexes et de s’ajuster à son environnement.
Pour accueillir cette nouvelle logique, les systèmes d’information doivent évoluer en profondeur :
- Concevoir des environnements modulaires et API-sés,
- Repenser la connectivité, non plus entre applications, mais entre entités cognitives,
- Et, à terme, se préparer à une “MCPisation” du SI, où les agents échangent via des protocoles standardisés.
Cette refondation est silencieuse, mais majeure : les infrastructures actuelles n’ont pas été pensées pour supporter des millions d’agents autonomes opérant en continu.
Les directions IT qui n’anticiperont pas ce virage risquent de se retrouver prisonnières d’architectures trop rigides pour évoluer.
Structurer sa transformation : la DSI, future “RH des agents”
À mesure que les entreprises déploient ces agents dans leurs processus, le rôle de la DSI se redéfinit profondément.
Demain, elle ne gérera plus uniquement des environnements techniques, mais de véritables populations d’agents : qui fait quoi, avec quels droits, quelles responsabilités et sous quelle supervision ?
Autrement dit, la DSI devient peu à peu la DRH des agents.
Cela implique de repenser :
- La gouvernance : qui orchestre les agents et leurs interactions ?
- La sécurité : comment isoler, surveiller et contrôler des entités autonomes ?
- La modularisation des capabilities : comment construire des briques réutilisables (raisonner, planifier, exécuter, interagir) à l’échelle de l’entreprise ?
Certaines organisations font déjà le choix de développer leur propre orchestrateur, pour garantir leur souveraineté et limiter leur dépendance aux grands modèles de langage.
Un positionnement stratégique comparable à celui qu’ont représenté, à leur époque, l’ERP ou le cloud.
Transformer la culture : vers une entreprise “no-code native”
La révolution agentique dépasse largement le cadre de la DSI.
Elle annonce une transformation culturelle profonde : celle d’une entreprise où chaque collaborateur devient acteur de l’automatisation.
Grâce aux outils no-code et low-code, les métiers pourront concevoir leurs propres agents pour simplifier leur quotidien :
- le marketing créera ses agents de campagne,
- les RH leurs agents de reporting,
- la finance ses agents de contrôle.
Mais pour libérer ce potentiel, il faut préparer le terrain :
- démocratiser l’accès aux outils,
- accompagner la montée en compétence,
- et instaurer une culture d’expérimentation encadrée et de supervision responsable.
Les entreprises qui réussiront cette transition seront celles capables de conjuguer rigueur d’urbanisation, modularité technologique et confiance dans l’initiative locale.
De l’automatisation à la transformation
L’IA agentique ne se résume pas à “faire plus vite”.
Elle incarne un véritable changement de paradigme : des systèmes qui décident et agissent, là où les applications d’hier se contentaient d’exécuter.
Les directions data et IT disposent aujourd’hui d’une opportunité rare : refonder leur socle technologique et organisationnel pour faire émerger un nouvel âge de l’autonomie numérique, un âge où humains et agents cohabitent dans un maillage intelligent, scalable et souverain.
Pourquoi Eleven ?
Chez Eleven, nous accompagnons depuis plus de dix ans les grandes entreprises dans ces transformations technologiques et organisationnelles.
Nous avons vu de l’intérieur comment elles ont dû réinventer leurs architectures cloud, ouvrir leurs données ou intégrer la GenAI.
L’IA agentique s’inscrit dans cette même trajectoire de rupture.
Notre conviction, forgée sur le terrain, est claire :
pour réussir cette mutation, il ne suffit pas de tester des agents. Il faut savoir les urbaniser, les gouverner et les acculturer, pour qu’ils deviennent de véritables leviers de performance et de souveraineté.