L’avenir de l’agentique en entreprise et les voies d’industrialisation21 mai 2025

Dans cette interview exclusive, Paul Sinai (CEO de Blaxel.ai), dévoile sa vision : faire de sa société « l’AWS de l’agentique », dans un futur où chaque processus métier sera piloté par des agents autonomes.

Comment voyez-vous évoluer le monde des agents intelligents dans les entreprises ?

Nous vivons une transformation technologique comparable à l’avènement d’Internet : bientôt, chaque entreprise, chaque processus métier, sera animé par des agents autonomes. Les agents ne vont pas seulement exécuter des tâches : ils vont coder, déployer, orchestrer d’autres agents. C’est une dynamique exponentielle.
Nous passons d’un monde de sites web statiques à un monde où des milliards d’agents interagissent en permanence avec les systèmes. Les nouveaux standards de productivité et d’automatisation passeront par eux.

 

Quels sont, selon vous, les cas d’usage phares de l’agentique ?

Les premiers cas d’usage concernent l’automatisation de tâches administratives et récurrentes : gestion des accès IT, support utilisateur, réconciliation de factures, gestion de notes de frais, traitement de mails entrants.
On observe déjà que les nouvelles startups se structurent avec très peu d’employés car elles automatisent la comptabilité, la finance, l’IT dès le premier jour. L’agentique permet aussi de bâtir des applications « AI First », où l’interface est repensée dès le départ autour de l’intelligence.

 

Quels sont les principaux challenges techniques que vous identifiez ?

Les challenges sont multiples :

• Infrastructurelle : le cloud historique n’est pas conçu pour héberger des agents communicants en permanence. Nous devons réinventer l’équivalent d’un CDN (Content Delivery Network) pour les agents.
• Performance : chaque seconde gagnée dans le traitement par un agent permet de traiter plus de clients. Optimiser la latence est donc clé.
• Matériel : les GPU actuels (H100 par exemple) sont coûteux, s’usent rapidement et ne sont pas nativement optimisés pour ces usages d’inférence continue. L’avenir passe peut-être par des architectures alternatives (TPU, FPGA, RISC-V).
• Sécurité et supervision : il faut garantir que les agents agissent en toute sécurité, en les isolant (par ex. dans des containers), tout en les supervisant pour détecter les déviations.

 

Et les défis business ?

Le principal défi est culturel : les entreprises doivent apprendre à faire confiance aux agents pour des tâches critiques.
Il y a aussi un énorme besoin de formation et d’accompagnement : on devra expliquer, encadrer, créer de la confiance dans ces nouveaux outils. L’autre défi est l’intégration avec les systèmes existants (ERP, RPA, CRM…) qui n’ont pas été conçus pour dialoguer avec des agents.

 

Quelle est la proposition de valeur de Blaxel.ai dans ce contexte ?

Blaxel.ai est né d’un constat clair : les infrastructures cloud actuelles ne sont pas conçues pour supporter des milliards d’agents autonomes. Notre ambition est de devenir « l’AWS de l’agentique », en fournissant une infrastructure optimisée pour héberger, piloter et orchestrer des agents intelligents à grande échelle. Nous proposons un ensemble de briques – infrastructure cloud, orchestration, monitoring, sécurité – spécifiquement pensées pour ces nouveaux usages.

Nous fournissons l’infrastructure complète pour rendre l’agentique viable à grande échelle :

• hébergement optimisé pour la latence et la densité d’agents,
• orchestration d’outils pour agents (MCP Server),
• supervision avancée (surveillance de l’activité, redondance d’accès aux LLMs),
• sécurité renforcée (containers isolés pour exécuter le code généré).

Nous voulons permettre à n’importe quelle entreprise ou développeur de déployer des agents de façon simple, fiable et scalable.

 

Comment voyez-vous l’articulation avec les grands acteurs existants : hyperscalers, ERP, RPA, etc. ?

Les hyperscalers comme AWS, Azure ou GCP restent essentiels, mais leurs infrastructures ne sont pas nativement optimisées pour l’agentique. À terme, ils devront évoluer ou collaborer avec des acteurs spécialisés comme nous.
Côté ERP et RPA, beaucoup d’acteurs historiques auront du mal à s’adapter car leurs outils sont rigides, pensés pour un monde pré-agentique. Ceux qui réussiront seront ceux qui accepteront d’ouvrir leurs plateformes à des agents autonomes via des API compatibles MCP.

 

Selon vous, quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui souhaite intégrer des agents dans ses processus ?

Commencez petit et rapidement. Voici un chemin type :

1.      Construisez un premier agent no-code pour automatiser une tâche simple (ex : publier un post de blog, remplir un CRM, extraire des informations d’un document).

2.      Mesurez l’impact sur la productivité réelle.

3.      Passez progressivement au développement spécifique si nécessaire.

4.      Formez vos équipes à comprendre et piloter les agents, même sans coder.

Ne visez pas tout de suite l’automatisation complète d’un département entier. Il faut privilégier les itérations rapides, sur des tâches à fort volume et faible complexité.

 

Comment voyez-vous l’évolution plus large du paysage technologique avec l’agentique ?

On va assister à une bascule du « moteur de recherche » vers le « moteur de réponse » : au lieu de rechercher nous-mêmes l’information, nous déléguerons cette tâche à des agents. Cela aura des impacts majeurs sur des pans entiers du marketing digital (SEO, SEA), du e-commerce, et de la relation client.
En parallèle, la transformation des infrastructures techniques sera profonde : de nouveaux standards d’identité, de communication, de supervision émergent (ex : MCP).

 

Un dernier mot ?

La vague agentique sera violente. Les entreprises qui sauront expérimenter rapidement, intégrer des agents de manière pragmatique et préparer leurs infrastructures survivront et prospéreront.
Les autres risquent d’être submergées.