L’IA sonne-t-elle le glas de la RPA ?
28 novembre 2024
Le Robotic Process Automation (RPA) évolue face à l’essor de l’IA générative, offrant des solutions hybrides plus flexibles, robustes et adaptées aux nouveaux défis technologiques.
Innovation
Blablacar, Meero, Backmarket et Vestiaire Collective : quatre des seize premières licornes françaises (au 23 juin 2021) reposent sur un modèle économique de plateforme et ont su conquérir leur marché, souvent en le disruptant, et garantir leur scalabilité, ce qui légitime l’intérêt actuel pour ce modèle.
Une définition du modèle économique de plateforme est la mise en relation de deux groupes indépendants afin de faciliter l’échange de biens ou services : les producteurs d’un part, qui représentent l’offre, et les consommateurs de l’autre, qui représentent la demande. Quelques exemples :
Le succès du modèle de plateforme repose sur trois facteurs clés :
Ces trois facteurs de succès permettent in fine de bénéficier de l’effet de réseau : plus il y a de membres, plus la proposition de valeur est puissante, plus les nouveaux membres vont joindre la plateforme naturellement, dans un cercle vertueux. Cet effet fait des plateformes des objets voués à occuper un monopole, au moins local. C’est également celui-ci qui résulte en un first mover advantage ou un smart follower advantage : le premier acteur à atteindre une taille critique va voir sa croissance auto-alimentée par l’effet de réseau, tel une boule neige, et il creuse irrémédiablement l’écart avec les acteurs qui n’ont pas atteint ce seuil.
Pour les acteurs en place, le modèle de plateforme peut représenter à la fois :
Au-delà de ces risque et opportunités, développer soi-même un modèle de plateforme, soit en tant que nouvel acteur pour disrupter un marché, soit en tant qu’acteur en place pour s’auto-disrupter, apparaît d’autant plus intéressant que le modèle est perçu comme scalable, c’est-à-dire capable de passer à l’échelle.
Du point de vue technique le modèle est bien scalable. En effet, une fois le développement initial de la plateforme réalisé, ajouter un utilisateur ou se lancer sur une nouvelle géographie nécessite peu ou pas d’effort (si le développement est de qualité). Autrement dit, la croissance de la plateforme en nombre d’utilisateurs ne nécessite pas d’évolution technique et génère ainsi des coûts fixes additionnels limités.
Du point de vue commercial, le modèle nécessite d’atteindre sur chaque géographie ou catégorie de produit / service une taille critique pour faire de sa proposition de valeur une réalité. Ceci requiert en général des investissements conséquents et souvent croissants (intensification de la concurrence) en acquisition client (online marketing, force commerciale, rabais, …). Par ailleurs, cette taille critique doit parfois être construite localité par localité, comme le montre l’exemple d’Uber, qui doit disposer d’un nombre minimum de chauffeurs dans une ville pour que ses clients bénéficient d’une offre suffisante.
Une fois la taille critique atteinte, la scalabilité commerciale devient réalité (potentiellement localement) puisque le moteur de la croissance n’est plus l’acquisition client financée mais l’effet de réseau.
Le besoin de financer l’acquisition d’une taille critique pour rendre la proposition de valeur réelle et atteindre le stade de la scalabilité commerciale se traduit par
Ces caractéristiques financières expliquent la difficulté qu’ont les acteurs en place à développer un tel modèle ou à l’intégrer dans leurs activités à la suite d’une acquisition, par exemple. L’écueil principal observé est en effet le manque d’investissement dans l’acquisition client. Celui-ci se traduit par la non-atteinte de la taille critique nécessaire au déclenchement de l’effet de réseau, le modèle étant intrinsèquement monopolistique.
Pour surmonter cet obstacle, certains acteurs comme Maisons du Monde pivotent leur modèle d’affaires depuis leur modèle historique de distribution vers le modèle de plateforme une fois seulement que leur base client a atteint la taille critique.
Lancer un modèle de plateforme représente un mouvement stratégique fort, qui doit s’effectuer en pleine conscience des investissements nécessaires, mais aussi de son impact sur l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise : clients, salariés, fournisseurs, … Le niveau de disruption doit être maitrisé, et éventuellement détouré, pour que la greffe puisse prendre avec succès.
Arnaud Couffin, Maxime Caro
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